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Émile DURKHEIM (1903)
“ Les communes françaises
du Moyen Age ”
Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi
Courriel:
jmt_sociologue@videotron.ca
Site web:
http://pages.infinit.net/sociojmt
Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales"
Site web:
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html
Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque
Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi
Site web:
http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm
Émile Durkheim (1903), “
Les communes françaises du Moyen Age.”
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Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de :
Émile Durkheim (1903)
“ Les communes françaises du Moyen Age ”
Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d’Émile Durkheim
(1903), «
Les communes françaises du Moyen Age.
» Texte extrait de la revue
l’Année sociologique,
n˚ 6, 1903, pp. 338 à 341. Texte reproduit in
Émile
Durkheim, Textes. 3. Fonctions sociales et institutions
(pp. 240 à 244). Paris: Les
Éditions de Minuit, 1975, 570 pages. Collection: Le sens commun.
Polices de caractères utilisée :
Pour le texte: Times, 12 points.
Pour les citations : Times 10 points.
Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.
Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001
pour Macintosh.
Mise en page sur papier format
LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’)
Édition complétée jeudi,
Québec.
le 17 octobre 2002 à Chicoutimi,
Émile Durkheim (1903), “
Les communes françaises du Moyen Age.”
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“ Les communes
françaises
du Moyen Age ”
par Émile Durkheim (1903)
Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d’Émile Durkheim (1903), «
Les
communes françaises du Moyen Age.
» Texte extrait de la revue
l’Année sociologique,
n˚ 6, 1903, pp. 338 à 341. Texte reproduit in
Émile Durkheim, Textes. 3. Fonctions
sociales et institutions
(pp. 240 à 244). Paris: Les Éditions de Minuit, 1975, 570 pages.
Collection: Le sens commun.
« L'activité de la société est en raison inverse de l'activité de l'État » ; au
début de son travail, l'auteur rappelle ce propos de Réveillère et le prend à son
compte
1
. Il croit en trouver une vérification dans l'histoire des XIe et XIIe
siècles. A ce moment, « l'activité de l'État est nulle ou presque nulle » ; mais
une activité merveilleuse accompagna partout en Europe « cet effondrement
du pouvoir central » ; l'organisation communale serait un produit de cette
activité.
1
Viollet P., « Les communes françaises du moyen âge », in
Mémoires de l'Académie des
belles-lettres,
t.
36,
Paris, 1900.
Émile Durkheim (1903), “
Les communes françaises du Moyen Age.”
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Qu'est-ce donc que la commune, au moins dans ce qu'elle a d'essentiel ? -
L'auteur la ramène « au droit d'un groupe important d'habitants d'avoir des
mandataires ou représentants permanents ». Mais cette représentation n'est
qu'un signe extérieur qui atteste que ce groupe d'habitants est passé à l'état de
corps constitué. C'est ce qu'indique bien l'expression latine par laquelle on l'a
souvent définie
incolarum urbis aut oppidi universitas.
En définitive, la com-
mune, c'est une personnalité collective d'un genre nouveau qui se dégage de la
masse sociale, et se constitue en face de celles qui existaient antérieurement.
Elle résulte d'un mouvement de différenciation et d'individuation de la plus
haute importance. Tandis que, jusqu'alors, les agrégats d'habitants qui ont
servi à constituer les communes n'étaient que des dépendances de la puissance
seigneuriale, ils vont désormais constituer des puissances sociales nouvelles,
douées d'une certaine autonomie, capables, par suite, d'agir avec initiative.
.A l'origine tout au moins, la commune comprit tous les habitants domi-
ciliés dans l'endroit, à la seule exclusion de la population flottante. Certaines
chartes, il est vrai, paraissent exiger, outre le domicile, la possession d'une
maison ou d'un emplacement. Mais il est probable qu'au fond les deux condi-
tions n'en font qu'une, pour la raison bien simple que notre système de loca-
tion était alors fort rare. Quiconque s'établissait à domicile prenait une maison
à cens ou à rente perpétuelle ; il était ainsi propriétaire ou quasi-propriétaire.
Même les membres des classes privilégiées, nobles ou gens d'église, faisaient,
à certains égards, partie de la commune, bien que la situation réelle qu'ils y
occupaient soit souvent bien difficile à déterminer.
Tous les membres de la commune se doivent les uns aux autres foi, assis-
tance et conseil, fidem, auxilium
consiliumque. L'objet
de ces diverses obliga-
tions était d'assurer la sécurité, la paix. Les mots de pax, d'institutio pacis
servent souvent à désigner la commune elle-même. La charte communale est
souvent appelée carta pacis. On voit par là que l'institution des communes se
rattache au grand mouvement d'où sont nées les trêves et les paix de Dieu.
C'est un des multiples moyens auxquels les hommes du moyen âge ont eu
recours pour supprimer ou atténuer les conflits dont était perpétuellement
secouée la société, c'est-à-dire, en somme, pour instituer un ordre social régu-
lier. Cette paix avait, d'ailleurs, ses racines dans un sentiment de solidarité qui
prenait parfois l'aspect d'une véritable fraternité. C'est ainsi que, dans certai-
nes communes, chaque habitant avait le droit d'intervenir dans toute transac-
tion faite par un de ses concitoyens et de prendre sa part du marché.
Telle étant la commune, comment a-t-elle pris naissance ?
Émile Durkheim (1903), “
Les communes françaises du Moyen Age.”
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Suivant M. Viollet, elle n'a été que l'organisation et la consolidation d'un
régime antérieur où la liberté était en germe. Alors que la commune n'existait
pas encore, la communauté des habitants, sans avoir de représentants réguliers
et permanents, ne laissait pas d'intervenir collectivement dans la vie publique.
On voit souvent le peuple se réunir et délibérer ; il prend part aux élections
des évêques qui, dans certaines affaires, le consultent spontanément. C'est lui
qui règle tout ce qui concerne les droits de pacage, l'utilisation des commu-
naux, etc. C'est ce germe qui, en se développant, devint la commune. « Les
communes apparurent le jour où les intérêts des groupes, devenus plus consi-
dérables et se séparant de plus en plus des intérêts seigneuriaux, se dévelop-
pèrent et prirent corps. » Les moyens par lesquels se produisit cette évolution
furent très dissemblables sur les différents points du pays et dans les différents
pays. Les forces sociales qui prirent la direction du mouvement ne furent pas
partout les mêmes : ici, c'est autour d'anciens officiers royaux ou seigneuriaux
(échevins, consuls) que le peuple se groupa, là, c'est autour de corporations
puissantes ; ailleurs, c'est en lui seul qu'il chercha les forces dont il avait
besoin. Mais cette diversité dans les procédés est secondaire et ne fait pas
varier l'aspect général du phénomène. Partout, il s'agit d'une coalition d'inté-
rêts solidaires, qui prennent conscience de leur solidarité et de leur antago-
nisme par rapport à des intérêts différents qui les absorbaient primitivement.
L'idée de coalition était même un élément si essentiel de la notion de commu-
ne que les deux mots de
communia
et de
conjuratio
sont souvent employés
comme des synonymes. C'est surtout dans les villes que ces coalitions se
produisirent et qu'elles aboutirent ; l'auteur nous en dit la raison un peu briè-
vement. Il fait remarquer d'une part que
les villes
de fondation ancienne
étaient plus riches que les campagnes en éléments originairement libres.
D'autre part, les villes de création nouvelle renfermaient elles-mêmes une
population plus avancée et plus aisée que celle des villages. Les besoins des
unes et des autres étaient « plus importants et plus variés que ceux des
campagnes ». C'est pourquoi elles sentirent plus vivement « le besoin de
s'organiser et de s'administrer elles-mêmes, en se dégageant de la sujétion des
seigneurs laïques ou des seigneurs ecclésiastiques ». La réponse à une ques-
tion aussi importante est un peu sommaire. Car, puisque le mouvement com-
munal a été essentiellement urbain, il importait de faire voir avec précision
quels sont les facteurs de la constitution urbaine qui y prédisposaient les villes
et quelle est la part de chacun. Sans doute, il y a des villes sans commune, de
même qu'il existe des communes rurales. Mais ces exceptions mêmes ont
besoin d'être expliquées en même temps qu'elles aideraient à comprendre les
conditions générales du phénomène.
Ainsi considérée, la commune apparaît exclusivement comme le résultat
d'un processus de dissociation et de désintégration : du groupement féodal
se
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